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Quand le crédit faiblit, la pierre devient fluide

Selon le baromètre T2 2025 de PraxiFinance, 81 % des demandes de financement immobilier non bancaires sont d’abord refusées par les établissements classiques. Seniors, héritiers, indépendants ou dirigeants en tension : une France qui possède, mais que le système ne finance plus, se tourne vers la monétisation patrimoniale.
 

Le crédit traditionnel exclut les profils "hors-norme"
Ils veulent adapter leur logement pour y vieillir, aider un enfant à acheter, solder une dette fiscale ou racheter une soulte familiale. Leur patrimoine est souvent important, leur solvabilité n’est pas en cause… mais ils se heurtent à un refus bancaire net. Dans 81 % des cas recensés au T2 2025, selon le baromètre PraxiFinance, ces Français n’ont pas accès au crédit, non par défaut de ressources, mais parce que leur besoin ne rentre pas dans les cases : pas d’achat, pas de travaux, pas de consommation.
 

Le phénomène touche toutes les générations : retraités propriétaires, entrepreneurs sous pression, familles confrontées à une succession bloquée, indépendants avec un bon bilan mais des revenus irréguliers. Parmi les exemples analysés : un retraité propriétaire à Biarritz souhaitant aider sa fille divorcée ; un dirigeant du BTP sauvant sa société d’une liquidation ; ou encore un héritier incapable de financer une soulte successorale. Dans tous ces cas, le prêt a été refusé… avant d’être finalement obtenu par un autre canal.
 

La situation devient d’autant plus critique que les délais bancaires s’allongent : 51 jours en moyenne pour traiter un dossier, soit 8 jours de plus qu’au trimestre précédent, et souvent trop tard pour répondre à des échéances urgentes (contrôle fiscal, clôture de succession, procédure judiciaire). Même les emprunteurs bien dotés, avec des biens estimés en moyenne à 500 000 €, se retrouvent hors-jeu.
 

La monétisation patrimoniale devient un marché à part entière
Face à cette exclusion silencieuse, la monétisation du patrimoine immobilier s’impose comme une alternative désormais structurée. Au T2 2025, 3 117 demandes ont été traitées par PraxiFinance, dont 91 % ont abouti à une solution concrète. Trois outils principaux se dégagent :
• Le crédit hypothécaire de trésorerie (65 % des cas), qui permet de mobiliser jusqu’à 60 % de la valeur d’un bien sans vente ni assurance, via un prêt in fine ou amortissable. Il convient aux profils classiques… que la banque refuse : dirigeants, retraités, héritiers.
• La vente avec faculté de rachat (23 %), utilisée dans les cas les plus urgents : saisies, dettes fiscales, fichage Banque de France. Elle permet de céder temporairement son bien, avec la possibilité de le racheter plus tard.
• La vente avec complément de prix (9 %), solution transitoire utile en cas de bien difficile à vendre ou pour avancer des fonds avant une vente définitive.
 

Le baromètre révèle une hausse de 47 % des opérations en réméré par rapport au trimestre précédent, signe que la demande se tend et que les besoins deviennent plus pressants. Fait marquant : la valeur moyenne des biens mobilisés progresse fortement (500 000 € contre 400 000 € au T1), preuve que la monétisation patrimoniale ne concerne plus uniquement les profils modestes, mais aussi des propriétaires aisés exclus du crédit classique.
Pour Brice Alzon, fondateur de PraxiFinance, « ces demandes ne sont ni extravagantes ni marginales. Ce sont des besoins légitimes, humains, urgents. Ce que les banques ne financent plus, il faut l’assumer autrement. »
 


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